7 juillet 1909 : Un Tour de France bien arrosé

Le pied écrase la pédale, les jambes se tendent alternativement et font saillir des mollets impressionnants, le dos reste droit et le regard fixe. Une impression de puissance se dégage : le Luxembourgeois François Faber domine de la tête et des épaules le 7ème Tour de France.

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Le Luxembourgeois François Faber domine nettement le Tour de France 1909

Depuis le départ, il y a trois jours, au Pont de la Jatte à Paris, le peloton avance dans des conditions difficiles. On découvre lors de l’étape Paris-Roubaix puis dans celle permettant de rejoindre Metz, qu’il n’y a, décidément, pas d’été 1909. Températures ne dépassant pas les 10 °C, vent, pluie battante ou grêle, les coureurs souffrent et les abandons risquent de se multiplier.

Sur le bord des routes, une foule grossissante encourage les toutes nouvelles équipes Alcyon, Nil-Supra ou Biguet-Dunlop. On propose des serviettes, de l’eau ou des morceaux de pain à des coureurs exténués qui tombent fréquemment sur les pavés glissants des villes traversées. Les Français, comme toujours un peu chauvins, encouragent bruyamment leurs compatriotes Ernest Paul et Jean Alavoine et espèrent qu’ils arriveront à inquiéter le colosse François Faber.

Les organisateurs du Tour sont aujourd’hui dans mon bureau et nous faisons le point, avec le préfet Lépine, sur les conditions de l’arrivée, prévue le 1er août, au Parc des Princes, après deux ultimes étape Brest-Caen et  Caen-Paris.

– Monsieur le conseiller, il faut que vous insistiez auprès du Préfet ici présent, sur la nécessité d’augmenter le nombre de policiers mobilisés. Il n’est pas exclu que plus de 100 000 personnes se massent autour de la ligne d’arrivée.

– De votre côté, vous aurez à redoubler de vigilance si les conditions météo exécrables se maintiennent. La chaussée sera glissante et les chutes seront probables. Vous avez des médecins ?

– Les chutes ne font que renforcer l’intérêt du spectacle,  confie l’un des organisateurs sur un ton où je peine à distinguer ce qui relève de l’humour et ce que l’on pourrait considérer comme du cynisme.

-J’espère que vous avez aussi tout prévu pour protéger le vainqueur. Même si c’est Faber, sa haute taille ne le protégera pas d’une foule en délire. Les « hirondelles » de Monsieur le préfet ne remplaceront pas quelques gros bras judicieusement placés que vous devrez recruter dès maintenant aux Halles ou ailleurs. N’oubliez pas que les journalistes aiment s’entretenir avec le champion pendant de longues minutes. A vous d’aménager un coin au calme pour cela, dans un café par exemple. »

Il reste douze étapes, plus de 4000 kilomètres à parcourir dans les Alpes ou les Pyrénées, dans les plaines sans fin ou les cols qui  brisent les jambes. Une épreuve de fous, de forçats.

Le Tour de France fascine, impressionne et redonne du baume au coeur à cette France qui grelotte lors de notre été pourri 1909.

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François Faber réchauffe la France qui grelotte lors de l’été pourri 1909

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