« Nous sommes prêts à des réformes mais il faudra nous aider ! » Venizelos se cale tranquillement dans le fauteuil qui fait face à mon bureau. Il est fier d’être le seul homme politique grec que la France a choisi de soutenir. Il se sent en position de force.
Eleftherios Venizelos dirige déjà la Crète. Demain, il pourrait bien prendre le pouvoir à Athènes, si on veut bien l’aider un peu…
Nous n’avons pas le choix. La situation du jeune état balkanique apparaît presque désespérée : budgets déséquilibrés, corruption d’une partie de l’administration gangrénée par le clientélisme, agriculture arriérée qui peine à subvenir aux besoins de la population, armée et marine mal équipées et organisées. La Grèce peut devenir demain la proie d’une Allemagne belliqueuse comme d’un Empire Ottoman instable essayant de remonter la pente de l’Histoire.
La mise en place d’une Commission internationale des finances publiques n’a pas servi à grand-chose sauf à blesser l’amour propre des habitants. L’instabilité ministérielle demeure tandis que la question macédonienne et le sort de la Crète – liés à des revendications territoriales grecques et des rêves de grandeur comme l’enosis – pourrissent le climat de toute la région des Balkans et enveniment les relations internationales.
Les Balkans avant 1912
La Grèce s’industrialise trop peu, trop lentement et n’attire pas suffisamment les capitaux des investisseurs qui lui préfèrent la Russie, les colonies, les gisements de pétrole d’Orient ou les Amériques.
Pourquoi parier sur Eleftherios Venizelos, le puissant chef crétois ? Il apparaît plus honnête que les autres, plus fin, plus stratège avec une dimension incontestable d’homme d’Etat qui manque au bouillant colonel Zorbas, le seul à émerger actuellement sur la scène grecque.
La maison de Venizelos en Crète est déjà discrètement protégée par les hommes du deuxième bureau français
Nous savons que Venizelos va nous demander de l’argent, beaucoup d’argent, s’il accède au pouvoir. Le bas de laine des Français, des Allemands ou des Anglais dont les économies semblent inépuisables, sera le bienvenu. Une autorisation d’emprunt sur les places de Paris, Londres ou Berlin, la garantie des banques nationales, des articles bienveillants de journalistes financiers peu regardants… nous connaissons la musique.
Quand le berceau de la civilisation européenne prend feu, il faut bien que toute l’Europe se transforme en pompier.
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Bonne nouvelle ! Ce site vient d’avoir un « petit frère » ! Un autre Olivier va connaître de drôle d’aventures… il y a trois siècles, à la cour du roi Louis XIV.
Un héros né dans des conditions mystérieuses, des intrigues et des complots dans l’entourage d’un monarque tout puissant mais vieillissant, des luttes de pouvoir impitoyables mais aussi une époque pleine de promesses malgré le poids des guerres, les famines encore fréquentes, les terribles hivers.
Une histoire qui prendra un peu plus la forme d’un « roman » que le site « Il y a un siècle » mais toujours le désir de vous divertir.
http://ilyatroissiecles.canalblog.com/
Comme j’ai plaisir à lire ce blog! Cela ne m’arrive hélas pas très souvent, mais je sens que je ferai un effort particulier ou grapillerai quelques minutes d’un emploi du temps chargé pour arpenter avec vous ce siècle mouvementé si riche d’enseignements.
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En fait, Mr Venizelos, quand il sera finalement devenu premier ministre, après certaines péripéties, à la fin de l’année 1910, va surtout demander l’aide militaire de la France afin de réorganiser l’armée grec.
Ce sera le rôle de la mission militaire du Général Eydoux, qui va la restructurer et lui redonner rapidement la confiance perdue après le désastre de 1897. Ce qui va à la fois encourager Venizelos à être la cheville ouvrière, à la surprise générale (des grandes puissances), de la ligue balkanique (Serbie-Bulgarie- Grèce) anti-ottomane, et surtout lui permettre de faire gagner l’armée héllène lors des deux phases du court mais sanglant conflit balkanique des années 1912-1913, dont on ne peut ignorer qu’il eût un rôle certain dans le déclenchement de la Grande Guerre.
Bye
Olivier Stable
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Cher Olivier,
De source bien informée, je me permets de vous signaler que la Grèce n’est pas le seul pays européen à vaciller en cette année 1910. Je vous conseille de suivre de près ce qui se passe au Portugal: je ne serais pas surpris qu’une révolution militaire s’y prépare…
Cordialement
Stef
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Ne vous inquiétez pas Stefan. Nous autres, officiers supérieurs de l’amirauté britannique, gardons l’oeil sur ce pays.
Nous savons bien que dans la perspective d’un conflit majeur avec l’empire allemand, le port de Lisbonne, les Açores, les Iles du Cap Vert, ou la colonie portuguaise du Mozambique qui jouxte notre précieuse Afrique du Sud, ne doivent absolument pas passer entre des mains hostiles.
Nous veillerons à ce que cela soit le cas.
Bye
Olivier Stable
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