Mais pourquoi diable était-il employé de banque ?
A trente ans, il côtoie déjà tout ce que Paris compte d’artistes d’avant-garde : Picasso, Vlaminck, Derain, Matisse ou Braque. La bourse et la finance lui ont laissé le temps de devenir un critique d’art lu et apprécié. Ses articles sont publiés dans La Phalange, le Mercure de France ou Les Marges. Des revues exigeantes qui publient ses appréciations toujours fines et parfois caustiques.
Guillaume Apollinaire a quitté sa mère qui vit toujours au Vésinet et l’accueille à chaque fois qu’il vient la rejoindre avec la tendresse d’une mère qui a élevé son enfant seule.
Guillaume Apolinaire
Habitant au pied de la butte Montmartre, Apollinaire a décidé de vivre de sa plume et commence à diffuser ses œuvres. L’an dernier, c’était L’Enchanteur Pourrissant, cette année, il réunit un dizaine de nouvelles qui vont former L’Hérésiarque et Cie, une suite de récits remarquablement écrits qui mêlent poésie et fantastique, morale et divertissement.
Pour l’auteur, L’Hérésiarque signifie l’homme par excellence : « il est à la fois pêcheur et saint, quand il n’est pas criminel ou martyr« .
Je lis ces nouvelles au fur et à mesure de leur parution dans la Revue Blanche. Je peux de nouveau me replonger dans ces histoires bizarres de moines et de curés, de juifs errants mystérieux ou de crimes sans coupable.
On ne sait pas trop la finalité d’un tel recueil mais on lit le tout d’une traite, avec une passion qui rappelle celle d’Apollinaire pour la femme peintre et graveuse Marie Laurencin.
Un savant mélange d’inspiration libérée de toute référence, d’observation de la nature et de passion pour l’être aimé, donne à Apollinaire une volonté farouche de créer et à nous, de le lire sans nous lasser.
Guillaume avait toujours vécu dans la crainte de manquer d’argent, « élévé » par cette folle de mère qui aurait pu écrire le mode d’emploi sur le déménagement à la cloche de bois.
La vie de bistrot et les visites à ces dames demandaient aussi un minimum de revenus assurés. Et puis, travailler dans une banque cadrait assez bien avec son sens de l’humour.
CQFD
Paul Victor
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