22 février 1909 : Blum fasciné par Jaurès

Il écoute, il boit ses paroles, ne pense jamais à le contredire. Socrate et Alcibiade ? Non, Jaurès et Blum.

Tout sépare les deux hommes. Le physique tout en puissance de Jaurès paraît écraser la minceur longiligne de Blum. Le cou de taureau du premier semble fait pour la lutte, le port de tête délicat du second prédispose plus à des joutes oratoires dans les salons. Jaurès bouillonne et fonce, Blum réfléchit avant d’agir.

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Jean Jaurès et Léon Blum, le maître et le disciple ; le premier a 50 ans, le second 36. Jaurès est un parlementaire célèbre et prestigieux… Blum n’est connu que par quelques lecteurs de critiques littéraires…et ses collègues fonctionnaires.

Ils se réunissent devant le temple du socialisme. Le plus âgé prend le second par la main, lui fait franchir le seuil et le présente aux grands Anciens qui fascinent le plus jeune. Alors que l’Internationale est chantée par une foule qui attend au dehors des messages de délivrance, Jaurès délivre à son disciple les paroles magiques qui peuvent enflammer le peuple. Il lui apprend les règles du combat politique et les devoirs du chef charismatique. Il lui fait sentir les rapports de force et le prix des luttes de classes.

Riches de l’enseignement transmis, ils ressortent tout deux du temple, main dans la main, face aux ouvriers victimes d’injustice, face aux obscurs de la mine et aux oubliés du capitalisme triomphant. Les regards qui se tournent vers eux expriment l’espérance de ceux qui ne veulent plus être trompés, de ceux qui rêvent de jours meilleurs pour leurs enfants. Le tribun et l’élégant juriste, le parlementaire redouté et le critique littéraire incisif, s’avancent accueillis par les vivats et les cris de joie. Ils lèvent les bras au ciel en faisant redoubler, à chaque mouvement, les hurlements d’une assemblée qui rentre en communion avec ces deux leaders.

Blum est heureux, il se sent porté par une vague qui ne peut se briser. Il a les yeux clos pour emmagasiner le plus de sensations possibles.

Les bruits s’éloignent, la lumière du vrai jour envahit la pièce.

Blum, maître des requêtes au Conseil d’Etat, se lève. Une heure après, dans un costume bien coupé, rasé de près, il franchit les portes de la prestigieuse institution et se surprend… à siffloter l’Internationale.

Un commentaire sur “22 février 1909 : Blum fasciné par Jaurès

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  1. Parfois vous m’étonnez ! Pour un fidèle bras droit de monsieur Clémenceau, je vous trouve une surprenante et coupable complaisance pour ces socialistes !

    Qu’adviendra t-il de nous et de vous quand éclatera la révolution qu’ils appellent de leurs voeux ? Il ne nous restera plus qu’à nous exiler en Russie, le seul pays d’Europe où l’autorité et de la religion ne sont pas devenus de vains mots.

    Et même si leur fureur démagogique respecte la voie des urnes et de la démocratie, songez un instant à ce qui arrivera si ces gens arrivent au pouvoir avec leurs programmes économiques délirants : samedi chômé, semaine de quarante heures, soins médicaux gratuits… Il y a là de quoi ruiner notre économie en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire !

    Et vous faites l’éloge de Jaurès et de Blum. Mais dites moi, permettez moi cette question : votre patron, Clémenceau, lit-il votre blog ? Si ce n’est pas le cas, pouvez vous me communiquer son email ?

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