La mort ne sera plus un but de promenade.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, jusqu’à la parution récente d’un arrêté du préfet de police Lépine, il était possible de visiter la morgue de Paris » dans un intérêt de curiosité « .
Cette démarche malsaine ne sera plus autorisée désormais et les morts pourront commencer à reposer en paix dans ce lieu peu avenant.
Gabriel von Max « L’Anatomie »
J’avais été frappé, il y a dix ans, par les comptes-rendus sordides, réalisés par la presse de l’époque, sur les conséquences de l’incendie du Bazar de la Charité. Cet événement de sinistre mémoire qui avait provoqué le décès de près de 130 personnes, conduisit des journalistes sans morale à décrire de façon complaisante l’état des cadavres retrouvés par les secours. Dans la mesure où les articles en question étaient publiés sur plusieurs jours, on a pu en déduire qu’un public assez large existait (existe toujours ?) pour lire ces descriptions atroces.
L’incendie du Bazar de la Charité, il y a dix ans, a donné lieu à des descriptions journalistiques complaisantes des cadavres retrouvés
Qu’en est -il aujourd’hui ?
Refusons-nous la mort ? L’arrêté du préfet Lépine et le fait que des articles de presse comme ceux de 1897 sur le Bazar de la Charité paraissent, dix ans après, impensables, tendraient à montrer que nous refusons sinon la mort elle-même, au moins les cadavres.
Il faut aussi noter que le Président de la République s’oppose actuellement à toutes les exécutions capitales.
Bref, la mort, sous toutes ses formes, rode mais s’éloigne. Nos médecins nous soignent de mieux en mieux, les enfants mourants en bas âges sont moins nombreux, nos anciens vivent plus longtemps.
Pourtant, nous mourrons tous. » Pour s’apprivoiser à la mort, je trouve qu’il n’y a que de s’en avoisiner » disait Montaigne. Nous ne pouvons refuser cette réalité et gagnons à nous y préparer. S’approcher des morts ne serait donc pas si malsain et constituerait une utile préparation philosophique à notre destin commun.
Puisqu’une promenade à la morgue n’est plus possible, il reste le cimetière du Père Lachaise !
Plus calme, moins sordide, un vrai lieu de recueillement … en compagnie de gens célèbres qu’il n’était souvent pas possible d’approcher d’aussi près de leur vivant !
Le cimetère du Père Lachaise sous la neige