On dit que les animaux se cachent pour mourir.
Il en est peut-être ainsi de certains grands écrivains.Tolstoï est mort cette nuit, loin des siens, dans la gare perdue d’Astapovo où un train devait l’emmener dans les profondeurs du Caucase. Une pneumonie doublée d’une immense fatigue ont emporté cet esprit complexe qui aimait tellement la vie qu’il ne pouvait s’empêcher de souvent penser à la mort.
Tolstoï à la fin de sa vie à sa table de travail
Le sens de l’existence, le besoin ou l’éloignement des autres, le refus des convenances, la quête de la vérité et le refus du mensonge : tout cela se résout au moment de la mort imminente, ce grand passage déjà évoqué dans La mort d’Ivan Ilitch ou dans Anna Karénine.
Tolstoï est devenu un auteur fétiche pour les Français qui aiment ses grandes fresques réalistes, ses personnages qui nous paraissent si proches, ses histoires universelles qui touchent le cœur de chacun.
A-t-il rejoint Dieu, lui qui avait aussi refusé le religion orthodoxe et imaginait un christianisme épuré et renouvelé ?
Tolstoï écrivait dans son journal : « Il y a une chose que j’aime plus que le bien, c’est la gloire. Je suis si ambitieux que s’il me fallait choisir entre la gloire et la vertu, je crois que je choisirai la première. »
L’homme part seul, en pleine gloire et nous laisse réfléchir, sans lui, à l’infini, sur ce qu’est la vertu.
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Pour voir un film très bien conservé sur Tolstoï regoignez le sympathique groupe des amis du site » Il y a un siècle »