24 avril 1914 : partir pour l’Elysée ?

Hésitations dans la journée, brusques réveils nocturnes pour y repenser… Longues discussions avec ma femme qui ne sait trop quoi me conseiller…. 

Voilà les faits : j’ai été reçu en début de semaine à l’Elysée par le président Raymond Poincaré. Il me propose de venir le rejoindre pour suivre le secteur diplomatique  ainsi que les armées.
Rien à dire : l’offre est belle et flatteuse. Nous serions dans deux de mes domaines de prédilection. Je pourrais reprendre mes chers voyages d’une part et d’autre part, je me ferais un malin plaisir d’apporter la contradiction à nos généraux galonnés de l’état-major. 
Alors, pourquoi hésiter ? 
Tout d’abord, Gaston Doumergue, actuel président du Conseil et ministre des affaires étrangères, souhaite me garder. Ensuite, depuis l’élection présidentielle, mon mentor Clemenceau s’est fâché avec Poincaré. Enfin, dans notre troisième République  – la fameuse constitution   » Grévy  » , les pouvoirs d’un Président de la République se révèlent limités au quotidien. 
Bref, j’ai peur de m’ennuyer ferme au Château et de ne pouvoir réellement peser sur les événements. 
 
 » D’un strict point de vue pratique, l’Elysée se trouve moins loin de notre domicile de la rue de Madrid que le Quai…  » 
Ma femme sait toujours trouver l’argument nouveau, celui qui peut faire un peu pencher une balance jusque-là très, trop équilibrée. En effet, elle souligne que je me suis remis à la marche (« attention, sinon, tu vas prendre du ventre » ) et que je laisse tomber les métros et autres omnibus.  
Elle poursuit :  » quant à Clemenceau, appelle-le. Il comprendra. Et tel que tu me le décris, il adorera avoir un  » espion  » dans la place, à  l’Elysée, auprès de l’un de ses grands rivaux Poincaré.  » 
Esprit pratique puis sens inné du rapport de force, doublé d’une intuition psychologique… Je reconnais bien là ma Nathalie. 
 
Je lui réponds :  » En fait, je vais surtout rappeler Poincaré. Sur l’aspect Clemenceau, il faut absolument que j’ai, lui aussi, son avis. Et après, je ferai aussi le point avec Gaston Doumergue. Ce dernier demeure vraiment sympathique, chaleureux. Son accent chantant du Gard et son humour, au quotidien, rendent nos longues journées de travail bien agréables. Et puis, il a besoin de moi sur tous les problèmes relevant du ministère de l’Interieur. Je ne peux pas le quitter comme cela. « 
 
Eh bien voilà, je continue à hésiter…
 
À suivre…

 473px-Raymond_Poincaré_1914

 

En haut, Raymond Poincaré ; en bas, Gaston Doumergue. Auprès duquel dois-je travailler pour les prochaines années ?

Gaston_Doumergue

2 commentaires sur “24 avril 1914 : partir pour l’Elysée ?

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  1. Content de retrouver ces billets avec une certaine régularité. Une interruption de deux ans … Ce fut long. Merci de reprendre le clavier…
    C’est ce blog qui m’a donné l’idée d’entreprendre quelque chose de similaire pour le décalage temporel et le rythme quasi-quotidien.
    Mais, mon imagination n’a pas la force de la vôtre ; aussi, je me contente de commenter de courts extraits d’un journal local de qualité, le Petit Comtois, journal bisontin, depuis le 28 novembre 2013, en parallèle avec les éditions de ce quotidien cent ans avant.
    http://aetdebesancon.blog.lemonde.fr/

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