L’homme est mince voire fluet. De fortes lunettes de myope. Il paraît un peu écrasé par la présence et la carrure puissante de son impresario Serge de Diaghilev qui ne le quitte plus. Igor Stravinsky parle doucement, d’une voix bien timbrée. Il raconte sa courte vie d’homme de 27 ans déjà couvert de gloire alors que son arrivée à Paris ne date que de quelques mois. Le succès de l’Oiseau de Feu donne des ailes à ce jeune compositeur qui n’est que d’apparence timide.
Les journalistes l’interrogent :
Non, il n’a pas fait le conservatoire et a préféré apprendre l’orchestration auprès de Rimski-Korsakov.
Oui, il est juriste de formation mais s’est ennuyé à mourir en faculté de droit de Saint-Pétersbourg, ville où il a grandi.
Stravinsky se laisse aller à parler de ses parents, musiciens connus dans la capitale russe : un père chanteur d’opéra, une mère excellente pianiste.
Mis en confiance, il explique qu’il a appris beaucoup par lui-même (l’harmonie et le contrepoint) même si Rimski-Korsakov a été un maître lui montrant l’exemple par des leçons particulières très stimulantes.
Il parle vite (son français se révèle impeccable), réfléchit vite et compose tout aussi rapidement. En quelques mois, l’oiseau de Feu a été bouclé et sa réalisation n’a aucun des défauts habituels des œuvres de jeunesse.
Je m’approche et demande à ce compositeur qui semble aimer la synthèse, de décrire ce qu’il imagine être son avenir avec le public français. Il me répond, droit dans les yeux et concentré :
« Me renouveler, surprendre et ne jamais lasser ».
Tamara Karsavina danse dans « L’Oiseau de Feu », un ballet dont la musique est de Stravinsky
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A la première de l’oiseau de feu, Debussy s’est levé pour le féliciter, ils deviendront ami ainsi qu’Erik Satie, ils seront souvent réuni les 3 ensemble chez Debussy.
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Ils se prenaient d’ailleurs en photo
Debussy et Stravinsky par Satie
Debussy et Satie par Stravinsky (troublante photo d’ailleurs)
Comme on ne se refais pas, j’en profite pour citer ces quelques mots que Debussy écrivit pour décrire en 1910 dans une lettre sa rencontre avec son nouvel ami russe
« Igor Stravinsky est un jeune sauvage qui porte des cravates tumultueuses, baise la main des femmes en leur marchant sur les pieds. Vieux, il sera insupportable, c’est-à-dire qu’il ne supportera aucune musique, mais pour le moment, il est inouï. »
Bye
Olivier Stable
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et aussi Satie dans le jardin de Debussy :
sur le site d’ Erik Satie :
http://www.erik-satie.com/
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A l’époque de Stravinsky, les Ballets Russes donnent quelques saisons à Paris. Diaghilev crée de nouveaux spectacles avec des oeuvres originales. Il imagine un ballet dont l’argument serait basé sur des légendes russes et mis au point par son chorégraphe Michel Fokine : un oiseau magique paré de vives couleurs, un sorcier, une princesse…
Après L’Oiseau de feu, Stravinsky enchaîne les succès : Petrouchka (1911) pour la nouvelle saison des Ballets Russes, le Sacre du Printemps alias Tableaux de la Russie (1913)…
Super ces ballets russes !
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