23 mars 1910 : Fausse nouvelle

Naufrage de milliardaire dans une tempête emportant son yacht luxueux ou affabulation de journalistes en mal de nouvelles sensationnelles ? Gordon Bennett fait encore parler de lui. On se rappelle ses frasques dans la haute société new-yorkaise : cette soirée de prestige où il était invité dans un manoir de sa belle famille et où il était arrivé ivre en tenant des propos grossiers. Devant une assistance médusée, il s’était dirigé vers l’immense cheminée et, le col défait, s’y était soulagé comme un garnement.

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Le milliardaire et patron de presse James Gordon Bennett

Gordon Bennett, une légende vivante. Comme magna de la presse, il possède le New-York Herald et l’International Herald Tribune. Passionné de sport et d’aviation, il organise différentes coupes à son nom sur le golf comme sur les aéroplanes, ballons et montgolfières. Supérieurement intelligent, plein d’humour, doté d’un magnétisme tel que ceux qui le côtoient deviennent ses plus fervents supporters, Gordon Bennett laisse planer aussi le mystère sur sa vie.

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Gordon Bennett organise de multiples compétitions en les dotant richement

Combien a-t-il de femmes ? Deux, trois ou dix ? Une dans chaque capitale et chaque port ? Des princesses, des actrices ou de belles inconnues ? On voit les belles se rendre dans son yacht pour prendre un verre ou partager une nuit, certaines s’embarquent, d’autres descendent encore émerveillées des moments qu’elles ont passés.

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L’immense yacht de Gordon Bennett

Mais comment fait-il ce Gordon Bennett ? Quel est le vrai du faux ?

Impossible de savoir vraiment.

On le dit perdu corps et biens ces jours-ci au large de la Sicile puis on apprend, le lendemain, que son yacht serait intact en Mer Rouge pour finalement découvrir qu’il donne ses ordres par télégraphe, à son empire de presse, amarré dans un port de Ceylan, un gros cigare à la bouche. Qu’importe la succession de rumeurs et de fausses nouvelles pendant une semaine. Gordon Bennett fait vendre. L’annonce non vérifiée de son naufrage augmente le tirage du journal. Sa « résurrection » en Mer Rouge, attire de nouveaux lecteurs avides et enfin, les commentaires des témoins qui l’on vu, son verre de whisky à la main, dans le port de Colombo, décuple les ventes des quotidiens.

La presse emploie le conditionnel. Ce temps permet toute les approximations aux plumes habiles et sans scrupules. Mais qui s’en plaint ? Tout le monde trouve son compte à ce battage : le petit peuple banlieusard rêve de ce milliardaire attachant et hors du commun qui l’éloigne des soucis médiocres du quotidien ; la presse quant à elle augmente ses tirages à chaque fois qu’elle le cite et Gordon Bennett enfin accroit ainsi sa notoriété et donc sa fortune.

Gordon Bennett aime la France. Elle le lui rend bien.

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Gordon Bennett au volant de l’une des ses nombreuses automobiles

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2 commentaires sur “23 mars 1910 : Fausse nouvelle

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  1. James Gordon Bennett est bien plus souvent à Paris qu’à New York, ce qui ne l’empêche pas d’arriver à tout diriger où qu’il se trouve. Il n’y a que lui aux commandes et attention aux têtes qui dépassent ! « Workers not celebrities », telle est la règle non-écrite depuis des dizaines d’années.

    Stanley devenu fameux après avoir retrouvé au coeur de l’Afrique le docteur Livingstone n’eût droit, à son retour au sein de la rédaction du Herald à New York, qu’à couvrir l’activité de la police métropolitaine. Une autre fois, un critique de théatre devenant trops connu, il le licencia et ordonna qu’a la recension de chaque pièce soit attribué un journaliste différent. Ce qui fait que le rédacteur en titre de la rubrique « des chiens écrasés » (ou des pompiers de Brooklyn) peux maintenant se retrouver à devoir commenter la dernière prestation de Sarah Bernard!

    Ses lubies sont à la hauteur de son égo. Il s’est ainsi convaincu de faire adopter le système métrique français par les américains. Peine perdu jusqu’à présent. Mais il ne renonce pas. A chaque numéro de son Paris Herald est imprimée la question d’une « Old Philadelphia Lady » demandant qu’elle est la différence entre degré centigrade et degré Farenheit.

    Oui, c’est un sacré personnage ce Gordon!

    Bye

    Olivier Stable

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  2. De retour pour orthographier correctement cette fois-ci, le nom de cette grande dame du théatre français, Sarah Bernhardt (et non Bernard comme écrit dans mon premier message).

    Bye

    Olivier Stable

    J’aime

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