Mais comment « L’homme invisible » peut-il arriver jusqu’à nous ? A quelle « Guerre des Mondes » a-t-il échappé ? Quelle « Machine à explorer le temps » doit-on utiliser pour le rejoindre ? Des ouvrages fameux, des succès de librairie, H.G. Wells s’affirme depuis dix ans comme le maître du roman d’anticipation … au même titre que Jules Verne ?
H.G. Wells à la porte de chez lui, à Sandgate en Angleterre. Cet article est la suite de l’abécédaire sur notre époque commandé par la direction du journal Le Temps.
« Non, je ne suis pas le Jules Verne anglais ! » ne cesse de s’exclamer Wells qui se trouve d’autres pères comme les philosophes antiques Apulée ou Lucien de Samosate ou mère comme Mary Shelley.
Il ajoute : «J’ai une idée de nouvelle par jour, je transporte mes lecteurs par l’imagination sans rechercher forcément à décrire le monde de demain. »
On préfère effectivement que tout ce qu’évoque Wells ne quitte pas ses compte-rendus d’entretiens dans la presse ou ses passionnants romans : il serait terrible qu’un jour on utilise des méthodes comme les combats entre centaines d’aéroplanes voire même une bombe à lente décomposition radioactive dont nous peinons à imaginer le mécanisme réel mais que Marie Curie pourrait sans doute vous décrire mieux que moi.
Jules Verne se révéle plus gai : il n’imaginerait pas d’homme invisible en paria de l’humanité ou l’invasion de la Terre par des extra-terrestres maléfiques.
Wells s’affirmerait comme l’écrivain d’un XXème siècle qui commence dans la peur de la guerre , Verne clôturait un XIXème siècle confiant dans les progrès de l’humanité ? Wells le pessimiste contre Verne l’optimiste ? Trop simple. Wells a écrit contre l’Angleterre victorienne et s’engage dans les combats socialistes. Il lutte pour le progrès social et ses romans délivrent un message propre à mobiliser les consciences. Verne se situe sur une ligne plus proprement littéraire et semble s’accommoder de la société de son temps. Wells le progressiste contre Verne le conservateur alors ? Trop facile sans doute. Et puis qu’importe !
Laissons-nous prendre par ces aventures écrites par un spécialiste de biologie rendant très vraisemblables des phénomènes inconnus. Partageons les idéaux politiques de cet ancien pauvre qui a longtemps côtoyé la misère, l’injustice et l’exploitation.
Nous avons notre avenir entre nos mains ; 1909 est à la croisée des chemins et laisse notre Wells songeur après avoir lâché dans un soupir : « l’histoire de l’humanité est de plus en plus une course entre l’éducation et la catastrophe. »
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A la fin novembre, dans toutes les bonnes librairies : « Il y a 100 ans. 1910 »
Le progrès : l’idée térrible du XXème siècle.
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Votre site est en ce qui me concerne ce qui se fait de mieux sur la toile … de l’écriture à la créativité, TOUT y est !!!
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Bonjour,
Une interrogation: le mot « anticipation » existe-t-il déjà en 1909 pour désigner cette littérature de l’imaginaire (plus tard appelée SF)?
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Oui Christian, on parlait effectivement de romans d’anticipation, ou d’anticipation scientifique. Les anglais parlaient de « scientific romance ». Le mot « Science-Fiction » n’est apparu que dans la fin des années 20 (expression anglo-saxonne) et n’a été réellement utilisé en France que dans les années 50.
L’auteur
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Juste au cas où… M. Wells n’est il pas Anglais, et notre bon Jules Verne Français ?
En ce cas, pourquoi donc Wells clame t il « Non, je ne suis pas le Jules Verne français ! » ? Ne devrait il pas dire qu’il n’est « pas le Jules Verne Anglais » ?
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