17 septembre 1909 : Les vacances des grands de ce monde

 » Celui qui a le comportement le plus surprenant pendant ses vacances, c’est incontestablement Guillaume II  »

Promenade avec Clemenceau dans la campagne à côté de Bernouville. Le Tigre ne se fait pas prier pour me raconter, avec gourmandise, tout ce qu’il sait des moments de détente des têtes couronnées.

« Le Kaiser adore les croisières et réquisitionne régulièrement à cet effet un des puissants navires de la flotte impériale. Dès son lever, il pratique la gymnastique et oblige tout l’équipage à faire de même. Le spectacle de ces vaillants marins enchaînant, avec un sourire forcé, les tractions et les assouplissements au même rythme que leur empereur oubliant toute majesté, a quelque chose de désopilant.

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Le Kaiser Guillaume II mène tout son monde en bateau…

Notre Guillaume II ne peut se passer des informations sur la bonne marche des affaires publiques. S’il est toujours aussi médiocre pour prendre une décision, il veut tout savoir, tout de suite. Dans les navires où il s’installe pour l’été, il fait aligner cinq télégraphistes qui réceptionnent en permanence les messages en provenance des différents ministères du Reich et les apportent, de façon zélée, à leur maître. Tout retard de transmission le met dans une fureur inimaginable. Le Kaiser rédige aussi de façon frénétique des réponses -même si on ne lui demande rien – formule des blâmes ou des encouragements transmis en différents bureaux.  Tout ceci crée une agitation et un désordre permanent dans l’administration berlinoise et oblige le chancelier à rectifier le tir avec sang-froid. Le pauvre !

Curieux, j’interroge Clemenceau sur Edouard VII, le roi anglais très aimé de nos compatriotes.

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Marienbad en 1909

– Ah… Edouard VII reste un grand amateur de jolies femmes. A Marienbad, un de ses lieux de villégiature favori, il passe une bonne partie de son temps à faire la cour à telle ou telle élégante remarquée la veille dans un bal ou un dîner. A l’âge du souverain, cela ne prête guère à conséquence et tout reste sans doute très chaste. Les personnels des hôtels sont habitués des visites du souverain à l’une de leurs charmantes clientes et déroulent, à chaque fois, avec un respect infini, le tapis rouge au moment de son arrivée. Autrement dit, la visite d’Edouard VII n’a rien de discret et c’est tout l’établissement hébergeant l’heureuse élue qui se met en quatre, de façon solennelle, pour que la visite du roi se passe bien. Notez, cher ami, que les belles remarquées par le roi sont souvent françaises.

– Et notre Président de la République ?

–  Comme vous le savez, il doit se contenter du château de Rambouillet. Mises à part les petites promenades quotidienne que M. Fallières effectue d’un bon pas dans les bois, il ne se passe rigoureusement rien dans son château. Peu de visites, aucune jolie femme, pas de fête… La presse fuit ce lieu d’ennui. En 1909, la vie privée de notre chef de l’Etat n’intéresse personne !  » 

3 commentaires sur “17 septembre 1909 : Les vacances des grands de ce monde

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  1. Ah, René Fallières, ce président dont « le nom de phosphatine » faisait rêver Aragon enfant…
    Bon article, mais n’oubliez pas les majuscules aux noms allemands (Reich/ Kaiser)

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  2. J’apprécie le « aucune jolie femme » concernant Fallières. Il appréciait peut-être d’autres qualités ??. C’est lui qui instaura l’isoloir dans les bureaux de vote. Belle pudeur…

    @ Mathieu: pas René, mais Armand

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