» Nous sommes restés sans secours pendant toute la nuit ! La terre a tremblé durant de longues minutes : bruit assourdissant de murs qui tombent, de vaisselle se cassant, de meubles qui se déplacent et viennent se heurter violemment les uns les autres. Les chiens qui hurlent à la mort pendant que les habitants de la ville se regroupent sur la place, affolés, en signalant que des personnes demeurent coincées sous les décombres. Monsieur le conseiller, c’était la désolation et nous avons dû attendre dix bonnes heures pour que l’on vienne s’occuper de nous. »
Le témoignage de l’adjoint au maire de Salon-de-Provence reflète bien les propos qui me sont tenus pendant mon déplacement dans le Midi à la suite du terrible tremblement de terre qui a touché le 11 juin dernier au soir, les villes et villages de Lambesc, Pelissanne, Rognes, Le Puy Sainte Réparade, Venelles, Saint-Cannat, Vernègues et bien sûr, Salon, dans l’est des Bouches-du-Rhône.
Le préfet se retourne vers moi et m’indique discrètement, sur un bout de papier, que le nombre de victimes est porté à 46 morts et 250 blessés. Il complète à voix basse, visiblement lui-même ému :
» Ce sont souvent des femmes et des enfants. Au moment du séisme, les hommes revenaient encore des champs ou s’occupaient des bêtes : c’est ce qui les a sauvés. »
De mémoire d’homme, on n’a jamais vu une catastrophe de ce type sur le territoire national.
Un journaliste du Petit Provençal me demande un entretien. Je fais le point sur l’évaluation des dégâts (15 millions de francs au minimum) les secours décidés par Paris (prêts pour la reconstruction), le rétablissement des communications, les efforts déployés par les hommes du 7ème régiment du Génie d’Avignon envoyés sur place et l’élan de solidarité nationale qui s’amplifie grâce à l’action coordonnée de la grande presse.
Nécessité d’être précis, importance de montrer la mobilisation du gouvernement, se limiter aux engagements que nous pourrons tenir : je vérifie que le sous secrétaire d’Etat à l’Intérieur Mauzan applique à la lettre les consignes de Clemenceau.
Chacun craint des répliques et peu de personnes osent regagner leur domicile pour se reposer. Les habitants dorment dehors sur des matelas. Dans la journée, ils épaulent les soldats du génie ainsi que les religieuses qui apportent secours et soignent les blessés.
J’hésite à rentrer sur Marseille pour prendre un train vers la capitale. Beaucoup de dossiers m’attendent au ministère. Symboliquement, pratiquement, je sens cependant qu’il faut encore travailler ici, au milieu de ces Français projetés dans le cauchemar et qui font preuve d’une grande générosité entre eux. Ecouter, réconforter, coordonner l’action des services de l’Etat… bref, être là, montrer que nous sommes tous solidaires.
C’est décidé, je reste.
C’est où le « Midi »? Je connais le Languedoc, la Provence, la Catalogne… Est-ce qu’en Espagne le « Midi » c’est l’Andalousie? En Allemagne, la Bavière? « Midi » et « mezzogiorno » sont des termes méprisants qui véhiculent l’idée de superficialité, d’incompétence et de fainéantise. Ils seraient contents les Andalous et las Bavarois si on leur disait qu’ils habitent le « Midi ».
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Je ne vois pas en quoi le terme de Midi est péjoratif.
Par contre le terme de Nord véhicule l’idée de froid, terne, morne, psychorigide, et en crise.
Comme quoi on est toujours le con de quelqu’un.
J’en ai marre de ces gens qui parlent de la paille
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Bonjour
je trouve et lis votre billet (je ne connaissais pas votre blog) alors que je viens de terminer l’excellent roman de Pierre Magnan « Chronique d’un château hanté » et qui fait de ce tremblement de terre en Provence un des éléments essentiel du roman. Il le situe le 11 juin 1909 et non le 16. Quoiqu’il en soit ce tremblement de terre prend part au dénouement de l’histoire.
Cordialement
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Bonjour à vous, Le Tigre,
Permettez-moi de monter au créneau à votre place… Notre ami « visiteur » n’a sans doute pas lu attentivement votre billet du jour. Le séisme dont il est question, est bel et bien daté du 11… Le premier bilan du 16. Soit 5 jours après, le temps d’entreprendre les recherches, et faire le décompte macabre.
Et à l’attention de notre ami Quim, je ne dirai plus « Venez manger les enfants, il est midi ! » mais désormais : « Venez manger les enfants, il est Languedoc et quart ! ! » C’est beaucoup mieux…
A propos d’enfant, comment va votre petit dernier, dont vous nous avez narré la naissance il y a peu ? De notre côté, nous avons à déplorer un cas de forte grippe, et le médecin le plus proche est à deux bonnes heures de cheval. Comme je vous envie d’habiter à la capitale.
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