20 février 1909 : Quand Robin des Bois finance l’hôpital…

« Pour trouver les 66 millions de francs dont nous avons besoin chaque année, tous les moyens sont bons ! » Gustave Mesureur, directeur de l’Assistance publique de Paris, écarte les bras et les mains pour accentuer la force de ce qu’il vient de dire.

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Gustave Mesureur, 61 ans, est directeur de l’Assistance publique. Il est ancien député de la Seine, ancien ministre et membre éminent de la Grande Loge de France.

Nous avons rendez-vous pour examiner les sources de financement possible des 32000 lits des hôpitaux parisiens qui accueillent chaque année près de 270 000 malades. L’Assistance publique qui accueille les pauvres ne pouvant se soigner, a la réputation d’être riche : elle possède des terrains, des titres, des immeubles. Elle a des capitaux qui lui rapportent des intérêts, elle donne à bail des domaines, des maisons et des fermes.

Tout cela ne suffit pas : elle reçoit donc, en plus, des subventions municipales et départementales. Elle touche une part des bonis du Mont-de-Piété. La vente de terrain dans les cimetières se fait aussi en partie à son profit. « Ainsi, chaque mort finance un bébé qui naît!  » ajoute, pragmatique, notre directeur.

Pour équilibrer son budget, l’Assistance publique peut aussi compter sur une taxe originale : le « droit des pauvres ». Sur la région parisienne, tous les billets de spectacles, bals, concerts sont grevés d’une taxe qu’elle recouvre directement grâce à son service de perception. Ainsi, ceux qui s’amusent, se distraient, s’étourdissent dans les fêtes, financent et soulagent la pauvreté. 1 294 salles de concerts, théâtres ou cabarets sont régulièrement visités par les limiers de l’Assistance publique afin de vérifier que le droit des pauvres est bien acquitté.

– Monsieur le conseiller, ces agents qui s’assurent que les riches paient bien ce qu’ils doivent, sont un peu nos Robins des Bois !

– Mais d’autres sources de financement ne seraient-elles pas plus pertinentes ?

– Que voulez-vous dire ?

– Imaginez que tous les salaires soient soumis à une cotisation significative, perçue par des grands organismes de recouvrement… vos recettes seraient assurées !

– Nos dépenses sont infinies car on ne fait jamais assez pour la santé et pour soulager les pauvres. Vos idées de recettes sont les bienvenues mais elles ne seront sans doute pas suffisantes. Je suis pessimiste. Il y aura toujours un déficit… comment dire, un trou !

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