17 février 1909 : Mort de Geronimo, naissance d’une légende

 » Je suis né dans les prairies, là où les vents soufflent librement et où rien n’arrête la lumière du soleil. Je suis né là où il n’y a pas de barrière… » Le grand chef Geronimo, en mourant, a sans doute rejoint des plaines infinies et il lance son cheval fougueux sur les mille chemins glorieux que compte le paradis des Indiens.

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Le chef et ancien chaman Geronimo (son vrai nom est Go Khla Yeh) et ses fidèles guerriers Apaches : « j’ai été chauffé par le soleil, bercé par les vents et abrité par les arbres, comme tous les bébés indiens… »

Geronimo. Un nom de légende qui vient de la terreur de ses ennemis mexicains implorant « Saint Jérôme », en espagnol, quand ils combattaient contre les Apaches. Go Khla Yeh -celui qui baille –  son vrai nom a perdu plusieurs fois toute sa famille dans ses combats contre l’homme blanc. Il a atrocement souffert de cette perte et s’est vengé. « Geronimo, Geronimo !  » hurlait les soldats en s’enfuyant face à ce guerrier doué d’une force et d’un courage hors du commun.

Geronimo représente le combat de tout un peuple, les Apaches, pour ne pas disparaître. Parqués dans la réserve de San Carlos, sans ressource possible, balayée par les vents chauds du désert, le grand chef aide les siens à redresser la tête. Plusieurs fois, il se révolte et s’enfuit. Arrêté une fois, deux fois, trois fois, il s’évade, attaque les troupes gouvernementales à un contre dix, remporte des victoires inespérées dues à ses talents de tacticiens. Il vit de pillages et de raids meurtriers.

Il sait survivre dans des conditions extrêmes, avec quelques dizaines de fidèles, lorsque les 5000 hommes du général américain Nelson Miles le traquent sans pitié jusqu’à la frontière où 3000 soldats mexicains l’attendent aussi, armés jusqu’aux dents. Il échappe à tous les pièges, toutes les battues, protégé sans doute par ses prémonitions d’ancien chaman.

Au soir de sa vie, fatigué, il accepte de se rendre et finit par s’installer dans l’Oklahoma à Fort Sill. Il se convertit au christianisme et devient peu à peu une légende vivante en défendant, devant les journalistes du monde entier, la cause des Indiens.

Theodore Roosevelt est le premier homme politique au pouvoir à entendre vraiment son message et à envisager un traitement humanitaire, social et éducatif des tribus décimées par des dizaines d’années de mauvais traitements. Ce changement d’attitude du gouvernement fédéral est heureux mais il arrive bien tard… trop tard ?

Sur son lit de mort, Geronimo délivre à ceux qui veulent l’entendre, un message prémonitoire pour l’avenir de l’humanité :

« Quand le dernier arbre aura été abattu,

Quand la dernière rivière aura été empoisonnée,

Quand le dernier poisson aura été péché,

Alors, on saura que l’argent ne se mange pas. « 

10 commentaires sur “17 février 1909 : Mort de Geronimo, naissance d’une légende

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  1. Je ne connaissais pas ce bonhomme là… Comme je ne connais pas trop ce qui se passe outre Atlantique, dans ces grandes étendues sauvages. Peut être que des opérateurs – c’est ainsi qu’on les nomme ? – de cinématographe, avec l’invention des frères Lumières, pourraient nous éclairer sur ce genre de personnage. Ce serait amusant de voir sur un écran, plutôt que les vaudevilles de monsieur Max Linder, des histoires à la Geronimo. Je suis presque sûr que les enfants adoreraient voir ces sauvages (des Apaches dites-vous… quel drôle de nom !) poursuivis par des soldats, avec des fusils, des clairons, des drapeaux… Oui, vraiment, il faudra y songer. Reste à savoir si, à la fin, on fait gagner les soldats ou les indiens…

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  2. Amusante idée, Joel. Mais je doute que cette matière puisse fournir plus d’un ou deux spectacles cinématographiques : la matière en sera vite usée. A la limite, il faudrait les adapter à nos colonies.

    Tout de même ces américains sont bien rudes qui ont préféré exterminer un peuple plutôt que de le christianniser. Mais bon, qui sommes nous pour juger ?

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  3. Je suis vraiment tres touché de votre sensibilité au sujet de l’évoquation de Geremino,l’homme sage des Appaches.
    Je félicite les administrateurs de Le Monde.

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  4. En ce qui concerne le lien entre les indiens et la nature, le chanteur RAS NOEL Chante « Indien chamane » extrait de son dernier album reggae « Rastaman troubadour » actuellement sur le net, une chanson magnifique à écoutez absolument sur le site RAS NOEL

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  5. La réserve indienne de San Carlos n’est pas « sans ressource possible, balayée par les vents chauds du désert ». C’est au contraire une zone fertile au regard du reste de l’Arizona, et comptant beaucoup de paysages et de biomes différents (il y a certes du désert, mais aussi beaucoup de prairies et de forêts). S’il y a eu une raison pour laquelle les indiens ne voulaient pas s’y établir au début, c’est uniquement parce qu’ils croyaient que ces terres étaient maudites.
    Raconter systématiquement qu’on ne laissait aux indiens que des territoires dépourvus de ressources n’est rien d’autre qu’un bête cliché. Et c’est aussi tout sauf logique: le principe de la réserve indienne étant de faire en sorte que les indiens n’en sortent pas (pour ne pas qu’ils aillent perturber la vie des colons à l’extérieur), il fallait forcément qu’ils aient à l’intérieur de ladite réserve toutes les ressources nécessaires à une vie autonome. Ne leur donner que du désert aride leur aurait donné au contraire toutes les raisons d’aller voir ailleurs.

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