12 juin 1908 : Lady Godiva : ces impôts qui déshabillent

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John Collier : « Lady Godiva « 

Certaines oeuvres d’art savent marier plusieurs légendes et mélanger les rêves. Lady Godiva. Une histoire simple. Vers l’an mil, mariée au seigneur saxon de Coventry, cette belle jeune femme décide de prendre la défense des habitants de sa ville écrasés par les taxes prélevées par son époux.

Lassé d’entendre les demandes de modération fiscale de sa femme, le comte répond qu’il supprimera ses lourds impôts si Lady Godiva traverse la ville, nue, sur un cheval. Cette dernière le prend au mot et chevauche, vêtue de ses seuls longs cheveux, un magnifique destrier au milieu des habitants de la cité ébahis. Le seigneur tient parole et supprime sur-le-champ ses impositions écrasantes.

Légende du moyen-âge, légende de rébellion contre le pouvoir en place. Capacité du faible à se faire entendre par le plus fort, triomphe du courage sur la puissance maléfique. Cette femme se met à nu et fait plier un homme en arme, un guerrier sans scrupule. Beau symbole à une époque où l’homme semble broyé par une société chaque jour plus organisée, plus complexe, s’appropriant son travail et ne lui laissant souvent qu’un maigre salaire de survie. Un geste simple, sans violence, un charisme tranquille, sans émeute ni effusion de sang pour notre siècle qui craint la guerre et la révolution.

Une victoire du beau et du noble sur le pouvoir égoïste et corrompu ; exemple mythique à méditer à un moment où la démocratie s’essouffle et s’étouffe dans les vaines querelles parlementaires et les intrigues de ministères. Un idéal pour ceux qui n’en ont plus.

Au-delà des symboles, l’oeuvre reste délicieusement sensuelle. Oh, on voit peu de choses de l’anatomie délicate de la jeune aristocrate ! Ni fesse, ni sein, des formes presque androgynes, un long corps de jeune fille pas encore vraiment femme. Nous ne sommes pas dans le coquin pour adultes mais dans un rêve chaste et beau d’adolescent qui se cherche encore. Rien ne doit souiller la pureté de cet instant où Lady Godiva semble rougir du regard posé sur elle, ce moment où le spectateur est transformé, comme les habitants de Coventry, en voyeur impudique. On imagine juste une peau très douce, des cheveux caressants et parfumés. Rien de vraiment érotique mais de l’émoi de jouvenceau. Le souvenir d’un moyen âge métaphore d’une jeunesse de l’humanité.

Une variante de la légende voudrait que les gens se soient en fait tous enfermés chez eux, à l’approche de la belle lady, afin de ne pas l’outrager et soutenir son geste. Nous restons donc seuls à contempler ce spectacle d’une épouse droite qui revient vers son homme aux idées indignes. Elle a gagné si le mal accepte de s’effacer devant la puissance symbolique déployée par le bien. Si le comte tient parole, elle vient de délivrer le peuple de l’oppression. Si le seigneur respecte sa promesse, elle impose une première règle au pouvoir qui n’en avait pas, une première loi qui protège le peuple.

Les rêves simples et naïfs sont ceux que l’on retient le mieux.

5 commentaires sur “12 juin 1908 : Lady Godiva : ces impôts qui déshabillent

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  1. je tiens tout d’abord a félicité le courage et la bonne volonté de Lady Godiva qui a fait preuve de relation publique vis-à-vis du peuple qui ployait sur le joug d’un lourd fardeau qui était les fiscalités écrasantes.la leçon que nous pouvons tirer de cette action est la résolution pacifique des problèmes car nous savons que la violence ne nous a jamais avantagée.et je nous propose de lui emboiter fidèlement le pas.

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  2. Une legende magnifique et pleine de sagesse. Je decouvre cette legende dans le cadre d’une recherche sur les relations publiques pratiquées au moyen age…Lady Godiva, combien sont elles/ils qui peuvent encore se sacrifier pour la noble cause du peuple?

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  3. Je suis d’origine Bulgare, française par mariagea enseignante de longue date. Je suis contente de retrouver sur vos pages l’histoire de Lady Godiva que de mon temps, en Bulgarie, était connue par chaque enfant scolarisé. A part les mythes et legendes que nous connaissions à 9 ans j’avais déjà lu Gerre et pais de Tolstoi, Les Miserables et l’oeuvre de Ch. Dikens alors qu’en France même à 13 ans les enfants lisent des BD ou sont encore au contes des fées. Mais il ne faut pas s’étonner de ce resultat, ceux qui doivent assurer l’épanouissement d’un esprit dorment. Parfois meme il faut se demander s’il ne menent pas sciemment une politique d’apauvrissement des cerveaux pour avoir un peuple plus facilement mené par le bout du nez. Je vous signale que le Larousse ne parle même pas de Lady Godiva. Je l’avais signalé a des amis, eux non plus n’ont pas trouver de documentation sur la dans ses pages.

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  4. je teints juste à préciser que dans certaine version ( donc celle que je connais puisque je me permets d’écrire un commentaire ) Lady Godiva aurait demander à la population de rester chez elle et de fermer les fenêtre, tous aurai obéi sauf un tailleur, Tom Peeping qui en aurai perdu la vue. De plus la légende de Lady Godiva aurait du faire réfléchir, pourtant les femmes au Moyen-Age, ( même avant et après) n’était considérer comme des personnes du diable, n’étant capable que de réaliser les travaux ménagés, peut-être cette légende ressort comme une véritable épopée aujourd’hui, mais avant quand les femmes en avaient le plus besoin, elle n’existait pas 😉

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  5. Mme Lilyanna boinay, tout ce que tu dis sur l’éducation française est fausse, certain enfants ne lisent que des BD ou des comptes de fées comme tu dis, mais d’autre lisent bien plus, j’ai connu une jeune fille de six ans et demi qui lisais les caprices de mariane de Musset, qui avait déjà lu les pièces de Molière, celles de Racines, qui avait lu des romans sur la première guerre mondiale comme à l’ouest rien de nouveau quand je l’ai vu j’ai été ébahi par son courage de lire des oeuvres aussi affreuse ( je parle d’a l’ouest rien de nouveau)
    tous ces romans que je l’ai est lu, et c’est une adolescente française de 14 ans qui te parles.

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